Prostitution : pénalisation des clients
- avril 13, 2016
- A la Une, Société
- Par Morel Le Rogue
Ça y est, enfin, la France a rejoint le club très fermé des pays européens ayant décidé une pénalisation des clients de la prostitution. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire.
On rejoint dans le carré VIP des pays les plus hypocrites probes et moraux la Suède, la Norvège, l’Islande et le Royaume-Uni. Ces 4 pays étant bien évidemment Protestants (le protestantisme combinant savamment hypocrisie, hygiénisme et puritanisme), nous avons donc l’honneur d’être le premier pays catholique (de tradition catholique si vous préférez) à suivre le mouvement. L’initiative vient bien évidemment de cette gauche française, toujours moins libertaire et toujours plus pudibonde et moralisatrice.
Députés et sénateurs en désaccord
Le premier examen de la proposition de loi à l’Assemblée nationale se fit en décembre 2013 et l’adoption définitive du texte le mercredi 6 avril 2016. Trois ans d’aller-retour entre le Sénat et l’Assemblée. Les deux chambres étaient en désaccord sur la mesure centrale du texte, la pénalisation des clients. Ce sont finalement les députés qui l’emportent sur les sénateurs. Les clients de prostitué(e)s peuvent dès à présent être sanctionnés d’une amende de 1500 euros maximum, pouvant aller jusqu’à 3750 euros en cas de récidive. Et ponpon sur la Garonne les clients les hommes lubriques qui exploitent la misère féminine pour assouvir leurs viles pulsions sont sous la menace (hautement dissuasive) d’un stage de sensibilisation aux conditions de la prostitution. Et en matière de stage de réhabilitation, autant le dire, en France on sait faire :
Manu le malin Valls y est allé de son Tweet pour s’enthousiasmer « [d’]une avancée majeure pour le respect de la personne humaine, pour les droits des femmes ». Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes souligne quant à elle qu’avec cette loi « la France affirme avec force que l’achat d’actes sexuels est une exploitation du corps et une violence faite aux femmes ». Les partisans de la pénalisation des clients y voient une façon de dissuader la demande, avec l’objectif, à terme, de faire disparaître le plus vieux métier du monde de l’hexagone. La loi permettra de considérer les prostituées « comme des victimes et non plus comme des délinquantes », selon la députée socialiste Maud Olivier, à l’origine de la proposition de loi. Des militantes féministes (entre autres) considèrent la prostitution (donc un acte sexuel librement consenti entre deux adultes libres et responsables en contrepartie d’une rémunération) comme un viol. En effet, l’argent serait une contrainte, et le sexe contraint c’est du viol. OK, on repassera pour le sophisme.
La prostitution en France aujourd’hui représenterait un chiffre d’affaires estimé à 3,2 milliards d’euros. Et concernerait entre 30 000 et 40 000 professionnel(le)s . La pénalisation des clients va faire disparaître tout ça d’un claquement de doigts ? L’immense majorité des prostitués sont des femmes (90% environ), dont 80% d’origine étrangère. Dans bien des cas, des victimes des réseaux de proxénétisme et de traite. Mais aussi des indépendantes, des escortes, depuis peu des étudiantes. Celles qui se prostituent dans la rue, des hôtels, des estafettes, chez le client. Des pratiques, des habitudes, des itinéraires et des conditions de vie multiples.
Protéger les gens contre leur gré

Une pseudo protection qui pousse vers la clandestinité

Ensuite, parce que loin de protéger les personnes restées dans la prostitution elle les pousseront vers plus de précarité et de marginalité en les poussant encore plus dans la clandestinité. On les expose ainsi à des plus grands risques (violence, viol, MST). On peut imaginer que la demande se reportera de plus en plus vers internet, pénalisant ainsi les professionnel(le)s du sexe qui font le trottoir, les plus précaires.
Comment appliquer la pénalisation des clients ?
Comment les policiers, déjà en sous effectif, pourront-ils appliquer cette loi ? N’ont-ils pas mieux à faire que pénaliser les clients ? Comme, concernant la prostitution, s’occuper des réseaux de proxénétisme ? Quel moyen d’action ? Choper des clients en flagrant délit ? Ça parait compliqué. On évoque déjà la piste de la cybersurveillance, qui permettrait notamment de repérer les paiements par carte bancaire et traquer les clients. Tout un programme.
Un point positif: la disparition du délit de racolage passif
Mais malgré tout un point positif à cette loi, puisqu’elle supprime le délit de racolage passif. Ce délit infamant, discriminant et inhumain (vis-à-vis de personnes démunies) datait de 2003 et avait été institué par Sarkozy, à ce moment-là ministre de l’intérieur. Dénoncé par toutes les associations sur le terrain, il prévoyait deux mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende pour les personnes qui se prostituent.
Volonté de contrôle et inefficacité
Mais tout ce qui est, vous voulez le soumettre et le plier à votre volonté. Le rendre poli et soumis à l’esprit, comme le miroir et l’image de l’esprit.C’est là toute votre volonté, ô sages parmi les sages, c’est là votre volonté de puissance ; et aussi quand vous parlez du bien et du mal et des évaluations de valeurs.
Vous voulez créer un monde devant lequel vous puissiez vous agenouiller, c’est là votre dernier espoir et votre dernière ivresse.Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra