Investir dans le Bitcoin, après 4 années d’expérience
- avril 26, 2020
- A la Une, Société
- Par Morano de Bergerac
En 2017, je rédigeais un billet sur l’investissement dans le Bitcoin. A la relecture, l’article a vieilli et la description faite est à mille lieux de mon approche contemporaine. Une mise au goût du jour semble utile.
Je vous invite à lire l’article d’origine ici.
Premier constat : je ne suis pas devenu riche
Sentiment pour le moins fâcheux, j’ai investi dans le Bitcoin en 2016 et n’ai toujours pas de villa aux Bahamas ou de Lamborghini Aventador dans mon garage (j’ai cependant un garage, signe de richesse à souligner).
Comme beaucoup de particuliers, je n’ai pas gagné les sommes fantasmées par la plèbe. Mais comment est-ce possible au vu de la progression des cours ?
Certaines mauvais choix en sont la cause. Notamment un faux espoir lors de l’arrivée du Bitcoin Cash (BCH) pour lequel j’ai troqué mes Bitcoins. Mon escarcelle a fondu comme neige au soleil. J’y ai appris dans la douleur la nécessité de s’assurer d’un taux de change stable avant de changer de devise. Ce qui évite une érosion lente mais certaine de son capital. Chat échaudé craignant l’eau froide la leçon a été apprise lors de l’arrivée du Bitcoin SV (BSV), récupéré et transformé en Bitcoin.
Gagner de l’argent
Une évidence qu’il est bon de rappeler, on ne réalise un gain uniquement lorsque l’on convertit ses Bitcoins en une monnaie « fiat » (de l’Euro ou du Dollar par exemple) ou un équivalent. Un Bitcoin qui monte ne rend riches que ceux qui prennent la décision de vendre. Ceux qui regardent derrière leur écran les cours monter puis redescendre ne font rien d’autres que se réjouir et s’inquiéter au fil des jours. Pour s’enrichir il faut effectuer des transactions, en somme il faut prendre une décision. André Gide le disait si bien : « choisir c’est renoncer ».
Avoir une stratégie, même la meilleure, n’est rien sans une bonne exécution. Voilà ce que m’ont appris ces quatre dernières années.
« L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage apprend des erreurs des autres. » Confucius
Tirer profit de la volatilité
Le constat n’a guère changé depuis ma tendre enfance bitcoinnienne, il s’agit toujours de tirer profit de la volatilité de la cryptomonnaie : de spéculer. Acheter lorsque le cours est sous-évalué et revendre lorsqu’il est sur-évalué. Ni au plus haut ni au plus bas. A l’attente du point culminant je préfère les ventes et achats réguliers. Un écart de 10% est honorable, même si l’on constate souvent a posteriori des écarts plus importants. Miser sur une plus grande variation c’est prendre le risque d’une chute du cours avant l’objectif atteint. C’est également l’assurance d’effectuer moins d’opérations, ce que je ne m’autorise plus. Il vaut mieux gagner deux fois 10% qu’une fois 20%. La probabilité que les cours varient de 10% est plus fréquente ; et deux augmentations de 10% rapportent plus qu’une de 20%.
Un mot sur l’analyse technique
Je n’ai pas de boule de cristal et me méfie de ceux qui prétendent lire l’avenir. L’analyse dite « technique » avec sa reconnaissance de formes dans les cours me rappelle la lecture dans les lignes de la main, les cartes de tarot, les feuilles de thé ou le marc de café. Entre l’astrologie et le charlatanisme. Prédire l’avenir en reconnaissant des formes ferait presque oublier que les cours évoluent pour des raisons ; certes difficiles à connaître mais réelles. Suivre les baleines ou rester informé de la législation des pays sur les cryptomonnaies est, par exemple, un indicateur plus tangible pour prévoir l’évolution d’un cours que reconnaître une forme de patte de lapin dans un graphique.
On ne me convaincra pas que conduire en regardant dans son rétroviseur est une technique fiable. Cela peut avoir les apparences d’une stratégie qui porte ses fruits (parfois le hasard et la chance durent sur une longue période) mais ses justifications sont aussi crédibles qu’expliquer comment gagner à pile-ou-face. L’histoire a maintes fois démontré que ces conducteurs inconscients disparaissent au premier virage. En bref et pour rendre hommage au grand Jean-Pierre Coffe : c’est de la merde.
Changement de devise et stable coin
J’ai longtemps suivi le cours des cryptomonnaies en Euro. La devise dans laquelle je détiens mon épargne et avec laquelle j’ai investi. Suivre les cours en Dollar m’était inutile et je persiste à penser que cette mode complexifie inutilement la vie de nombreux Français. Analyser des données dans la devise de son pays est plus simple et plus efficace ; cela évite d’avoir à intégrer les variations de taux de change entre devises (entre Euro et Dollar par exemple).
Au fil du temps, un argument de taille m’a cependant fait changer d’avis et poussé à troquer l’Euro contre le Dollar des États-Unis (USD).
« Quand les faits changent, je change d’avis. »
John Maynard Keynes
La raison de ce changement est d’ordre fiscal. Il est plus intéressant de réaliser des échanges contre une cryptomonnaie adossée à une monnaie fiat (ce que l’on nomme un stable coin) que directement contre une monnaie fiat. Nous ne sommes alors pas soumis à l’imposition de plus-value au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30%. J’en préciserai les détails dans un autre article.
Sauf que sur ma plateforme d’échange aucun stable coin n’existe en Euro… Je suis donc contraint d’utiliser une réplique du Dollar américain : l’USDC. Nécessité faisant loi, j’ai laissé tomber l’affichage des cours en Euro.
Ne pas suivre les cours
Cela peut paraître contradictoire mais je ne suis plus régulièrement les cours et ne reçois plus d’alerte sur smartphone. Un soulagement que d’être débarrasser de ces encombrements.
Deux avantages. Ne pas être prisonnier de son smartphone et ne pas s’écarter d’une décision par appât du gain. Car le doute peut apparaître quand un cours grimpe. On a tendance à attendre, attendre et encore attendre dans l’espoir qu’il monte encore avant de revendre. Un péché d’avarice rarement récompensé.
Ne plus suivre les cours m’est permis grâce à une fonctionnalité : la mise en place d’ordres d’achat et de vente. Ce qui était fait auparavant manuellement est désormais automatisé. J’ai dû pour cela passer de Coinbase à Coinbase Pro (anciennement GDAX). Un changement majeur.
Rentrons dans les ordres…
Limit et Stop Order sont les deux barbarismes à retenir. Ils permettent d’exprimer une volonté d’achat ou de vente (appelé un ordre) qui sera exécutée lorsque les conditions indiquées seront réunies.
Limit Order
Le Limit Order permet d’effectuer une vente ou un achat lorsque la valeur du Bitcoin atteint le montant que vous définissez. Une fois l’ordre placé vous n’avez plus rien à faire, il s’exécutera automatiquement lorsque le cours atteindra la valeur définie.
Dans l’exemple ci-dessous, j’achète 1 Bitcoin lorsque son prix atteint 5000€.

A noter les frais de 0,50% (25€) sur l’opération.
Stop Order et livre des ordres
Pour comprendre l’utilité d’un Stop Order il faut s’intéresser au livre des ordres (ou Order Book). Jusqu’à présent vous étiez un investisseur archaïque, vous achetiez et vendiez au prix du marché. Vous y perdiez en frais et deviez effectuer l’opération manuellement mais votre transaction s’effectuait instantanément. Vous n’aviez jamais eu à vous soucier de ce qui se passait derrière le rideau.
Lorsque l’on place un ordre (Limit ou Stop) on se confronte à une autre temporalité, qui peut faire rater une opportunité. Si cinq personnes proposent de vendre un Bitcoin à 10 000€ et qu’une seule personne propose de l’acheter à ce prix, 4 vendeurs resteront sur le carreau. L’écran affiche bien un cours à 10 000€ pour un Bitcoin mais votre ordre ne trouve pas preneur.
Le Stop Order est la réponse à ce problème. Il fonctionne comme le Limit Order mais au prix de vente ou d’achat s’ajoute un prix de déclenchement. Si le Bitcoin atteint telle valeur je vends à telle autre valeur. Je vends plus bas que le prix du marché pour attirer le chaland.
Ci-dessous la vente d’un Bitcoin à 4500€ lorsque son prix atteint 5000€. Une excellente affaire pour le futur acquéreur !

La vente se déclenchera lorsque le cours atteindra 5000€ pour 1 Bitcoin.
Les Stop Orders permettent de sécuriser ses ordres lors d’un moment de panique sur le marché.
La prochaine étape : l’indice de volatilité
Je privilégie désormais le nombre de transaction et un profit par opération moindre. Exit l’objectif de doubler son capital en une opération. Le curseur est cependant fixé de manière empirique (généralement 10% de profit) ; ce qui fonctionne bon an, mal an mais reste perfectible. La prochaine étape est d’associer un indice de volatilité pour actualiser les objectifs.
Aucun des indices de volatilité trouvés ne m’a pour l’instant convaincu. Je pense par exemple au Bitcoin Volatiliy Index de CoinDiligent ou BitPremier qui prennent une donnée par jour pour créer un indice sur a minima 30 jours. A mon sens inutilisable pour prendre une décision d’achat ou de vente de cryptomonnaie. Un indice sur 7 jours avec une donnée par heure écrêterait les données et rendrait l’information plus pertinente. La solution est peut-être du côté des indices BitMEX, à méditer…