Que murmure Christiane Taubira à la jeunesse ?
- février 21, 2016
- Culture, Politique
- Par Morano de Bergerac
Un retard SNCF m’a amené à errer dans une gare TGV et à acheter, de manière hésitante, Murmures à la jeunesse de Christiane Taubira. Après lecture, un livre inédit malgré quelques repoussoirs.
Le livre de l’ancienne ministre de la Justice est paru juste après son départ du gouvernement. Juste avant un énième remaniement ministériel. De quoi faire parler de lui, avant même d’en connaître le sujet. Mais de quoi parle-t-il ?
L’événement déclencheur du livre est identifié dès les premières lignes : les attentats de janvier et novembre 2015. Le sujet l’est aussi : le jeune terroriste en devenir.
Qui est-il, quelles sont ses motivations et comment lutter efficacement contre ce fléau. Depuis les recruteurs djihadistes jusqu’à la déchéance de nationalité, l’auteure avance ses arguments sans compromis. Quitte à se retrouver en contradiction avec la ligne du gouvernement.
Le franc parler de l’ancienne ministre se confirme à la lecture. Un livre qui décortique un fonctionnement moderne du terrorisme. En pointant du doigt les responsabilités de chacun, sans faire de concession.
Sur la forme, le constat est entrecoupé de citations d’écrivains et de philosophes. Ainsi que de gimmicks un peu fourre-tout. Un besoin de signifier que le salut viendra de la culture. Un besoin qui noie parfois le sujet dans des citations généralistes à la chaine.
A mi-lecture, les choses se corsent
Jusqu’ici tout va bien. C’est à la moitié du livre de moins de cent pages que le mot « gauche » apparaît. Éloge de son identité, de son action… avec son orchestre de valeurs propriétaires et d’humanisme. Jusqu’à ce point de non-retour :
Elle [la gauche] a continué à se distinguer sur le champ de l’éthique, du bien commun, de la morale publique …
Comme l’envie de crier Cahuzac ! Thévenoud ! Agnès Saal ! DSK ! Revenez, Taubira parle de vous !
Et à partir de là, rien ne va plus. Le job a été fait dans la première partie du livre, on sent que l’auteure se lâche sur la fin. Taubira couvre d’éloges François Hollande pour sa gestion des attentats et finit la postface par cette phrase mystique :
Le Président se hisse. La Droite … ?
De quoi laisser le goût amer d’une belle tentative sabotée. Des murmures à la jeunesse qui auraient pu être nobles, désintéressés. Et qui se retrouvent enchainés de force à l’image de la gauche, à son opposition à la droite. A leurs valeurs respectives. Au point de penser une fois de plus, quelles sont les valeurs de la gauche et de la droite française ? Bonnet blanc et blanc bonnet.