Périscope : la boîte de chocolat Lidl
- avril 08, 2016
- Société
- Par Morano de Bergerac
Périscope fête son premier anniversaire. Après deux semaines d’utilisation intensive, on vous délivre notre verdict : le globe terrestre est quadrillé d’abrutis prêts à se prostituer pour assouvir leur besoin narcissique.
Fonctionnement de l’application – Périscope est une application qui permet de diffuser et de regarder des live vidéos. La start-up est rachetée par twitter en mars 2015 pour près de 100 millions de dollars.
Un compte twitter et un smartphone suffisent pour s’y connecter et y créer son compte. Vous accédez alors à l’ensemble des périscopes filmés sur notre belle planète. Lors d’un visionnage vous pouvez envoyer des cœurs (équivalent à un like) ou un commentaire via la messagerie intégrée. Les deux sont visibles par l’ensemble des participants. Un fonctionnement assez simple, de quoi rendre l’application accessible à tous, pour le pire comme pour le meilleur.
Que trouve-t-on sur Périscope ?
Il serait hypocrite d’analyser un réseau social sans aborder ceux qui le font et font son succès : ses utilisateurs.
Voilà ce que l’on trouve vraiment sur Périscope :
- des filles qui se foutent à poil
- des gens qui font des conneries
- de très rares paysages
Le slogan de Périscope a beau être Regarder le monde travers les yeux d’un autre, la caméra est plutôt tournée vers l’autre et sa mise en scène que vers le monde. Vous y verrez plus souvent titré « A 100 personnes je me fous à poil » que « Visite de Tokyo à vélo ».
Narcisse 2.0
Si Narcisse est tombé dans la flotte en tentant d’y reluquer le reflet de ses burnes, il serait bien jaloux de voir qu’aujourd’hui sa bêtise fatale n’arrive pas à la cheville de la génération connectée. Le Narcisse 2.0 se noiera encore plus rapidement, bien content d’avoir enlevé ses brassards et sa bouée canard alors que le tsunami internet s’apprête à l’enfoncer à 100 mètres de profondeur.
Montrer ses seins ? Fumer du shit en prison ? Casser le téléphone d’un de ses clients ? Simuler un meurtre ? Se branler ? Ces actions auraient pu être oubliées, confinées au domicile de leur protagoniste et loin du regard de la planète. Leurs auteurs ont pourtant pris toutes les précautions pour que cela se passe autrement.
Voici trois récents exemples… fruits de leur époque.
Serge Aurier insulte son entraîneur
Le petit Einstein de la défense parisienne a eu la bonne idée d’insulter Laurent Blanc et ses coéquipiers durant une session. Serge pensait savoir nager sans sa bouée canard : perdu. Une bonne houle en pleine gueule est arrivée quelques heures après. Mis à pied par son club et obligé d’offrir sa virginité anale à tous les micros BFM tendus pour tenter de racheter son âme.
Deux employés SFR détruisent un téléphone
Fin mars, deux employés de SFR annoncent la destruction du téléphone d’une cliente en direct : « À 50 personnes connectées je prends le téléphone du client, je claque le téléphone par terre. »
Chose promise, chose due : le téléphone est jeté à terre et brisé dans l’instant. Chose promise, chose due : les deux salariés sont licenciés dans la foulée par l’opérateur.
Trois amis simulent un meurtre
Deux jeunes hommes filment le passage à tabac d’un pédophile, attaché puis jeté dans le canal. L’alerte est lancée et plus de 70 policiers et pompiers partent à sa recherche. Sauf que tout était faux.
Nos trois génies ne tarderont pas à se retrouver devant le tribunal, à y chialer et à s’y excuser. Résultat des courses : 10 mois de prison, dont deux ferme, pour le cerveau de la bande et six mois avec sursis pour ses deux complices.
La larme à l’œil, ils lanceront durant le procès : « Malheureusement c’est un peu de la faute des internautes. Il n’y a que la violence et le sexe qui les intéressent. »
Les autres
Ces exemples médiatisés n’ont rien à envier à la quantité de filles à poil, de détenus qui se filment en prison et de petits branleurs qui gravent leur inconscience dans le marbre de la mémoire éternelle du net.
L’entretien d’embauche de Jessica changera d’aspect quand elle comprendra que le recruteur a vu son 85B en live streaming avant sa photo de CV.
La pratique du selfie leur avait déjà mis un bon coup de pelle dans la mâchoire. Le renfort de Périscope assurera peut-être le salut de l’humanité en nous débarrassant des Narcisse 2.0.
Une utilisation compulsive
Soyons honnêtes, on a passé perdu beaucoup de temps à regarder des conneries. Au point de devoir supprimer l’application pour retrouver un semblant de vie sociale.
L’affichage aléatoire de vidéos éphémères permet à chaque ouverture de l’application de tomber sur tout et n’importe quoi. Mais jamais sur la même chose. De quoi aiguiser la curiosité quand on sait que ce qui n’est pas vu dans l’instant est censé être perdu à jamais. Ce mécanisme est similaire à celui du site 4Chan et de sa fameuse rubrique random, en remplaçant les photos par du live streaming.
A cela s’ajoute la possibilité d’interagir via la messagerie instantanée avec le protagoniste. Ce qui finit inéluctablement en « open boobs », « baise-la » ou en insultes diverses et variées.
Pour résumé, et comme le disait la maman de Forrest Gump, Périscope c’est comme une boîte de chocolat Liddl : on sait jamais sur quoi on va tomber (mais c’est très probablement de la merde).